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*De Dominis

De Dominis
Marcantonio
Date naissance
1560
Date mort
8 septembre 1624

à Arbe, une île de Dalmatie, et mort à Rome. Il appartient à une noble famille de comtes palatins liés à la couronne hongroise. Il reçoit une éducation soignée au collège jésuite d’Illyrie puis entre, en 1579, dans la Compagnie de Jésus où il suit une formation théologique à Vérone, Padoue, Brescia et Rome. Le 15 juin 1596, il obtient la permission de rentrer en Dalmatie sous prétexte d’aider l’évêque de Segna, son parent, aux prises avec les Turcs. En fait, l’évêque a été tué un mois plus tôt, mais De Dominis cache l’information à ses supérieurs. En mai 1597, il écrit à Rome en affirmant que l’empereur *Rodolphe II l’a nommé administrateur du diocèse de Segna et il sollicite l’autorisation de quitter la Compagnie, ce qui lui est accordé le 14 juin 1597. Le 13 août 1600, le pape lui confirme sa nomination comme évêque de Segna.
Entre-temps, il échafaude un plan compliqué pour intervenir comme médiateur entre Venise et les Uscoques qui résident dans son diocèse : il ne réussit qu’à se rendre très impopulaire et la véritable solution est apportée par Minuccio Minucci, archevêque de Zara. Le pape Clément VIII croit tout de même en sa compétence et lui propose le siège d’archevêque de Spalato, avec le titre de primat de Dalmatie et Croatie. Il est consacré le 20 novembre 1602. Dès son installation dans son diocèse, De Dominis s’attache à réformer son Eglise au grand mécontentement de ses chanoines. C’est à partir des années 1612-13 que des rumeurs commencent à circuler à Venise sur son orthodoxie contestable mais il semble que son amitié avec l’ambassadeur anglais, Dudley *Carleton, lui ait acquis la protection du roi Jacques Ier et de l’archevêque de Canterbury, George Abbot, alors que les autorités civiles vénitiennes et ecclésiastiques romaines n’en ont rien soupçonné. Il part vers la mi-septembre 1616 pour l’Angleterre en passant par les Grisons, Bâle, le Rhin, La Haye et, enfin, Douvres. Le 20 décembre, il est au Lamberth Palace, le siège épiscopal à Londres, car le roi le nomme chanoine de Londres. Son œuvre est mise à l’Index et le Saint-Office ouvre une enquête, alors qu’à Londres il commence une carrière d’écrivain anti-romain et publie les quatre volumes de son traité De republica ecclesiastica [Londini, John Bill, 1617] où il critique l’Église romaine, trop éloignée de celle des Pères, et il affirme que les Églises catholique, anglicane et protestante sont les membres vivants d’un corps unique. Mais il n’est pas venu à Londres les mains vides et très vite il publie l’Istoria del concilio tridentino de Sarpi, sous le pseudonyme de Pietro Soave Polano, dédiée à Jacques 1er [Londini, J. Bill, 1619].
Toutefois, ses prises de position arminiennes et son avidité lassent ses protecteurs anglais ; à l’occasion de l’élection de son ami Grégoire XV, il sollicite du pontife l’autorisation de rentrer à Rome, qui lui est accordée. Il y arrive le 5 novembre 1622, et le cardinal Bardini du Saint-Office reçoit son abjuration de l’anglicanisme. Mais De Dominis continue à défendre ses idées. Le 18 avril 1624, il est arrêté et il meurt dans les prisons du château Saint-Ange, le 8 septembre 1624 … peut-être empoisonné. Sa dépouille ne reçoit pas de sépulture en attendant la sentence de l’Inquisition. Sa condamnation comme hérétique [BNM, lat. XIV, 285 (=4301), Summarium Processus M. Antonii de Dominis, olim Archiepiscopi Spalatensis] est prononcée devant son cercueil qui est livré aux flammes avec ses écrits, dès le lendemain.
Lors de sa fuite en Angleterre, Sarpi a pourtant eu un jugement élogieux, voir sa lettre 1615-12-13 à *Contarini : prelato di singolar dottrine et di costumi angelici … è cosa incredibile quante insidie li sono sin al presente state tese, dalle quali s’è salvato per la sua innocenza.
& DBI, XXXIII, p. 642-650