1608-11-28.DE Groslot
[…]1
[…]
ie vous dise une chose remarquable qu'on
-- croie aisement que d'ailleurs vous en
Peu de iours avant le depart de Spinola [de La Haye2
, un faiseur]
de lunettes de Middelbourg en Zelande3
[fist present à Son Excellence]
Maurice de certaines lunettes par le moien [desquelles on peust]
[decou]vrir et discerner distinctement les choses [esloignées de nous de]
trois ou quattre lieuës, comme si nous les [voions à cent pas]
[d]e nous. Estant sur la tour de La Haie [on voit par lesdictes lunettes]
[l'h]orloge de Delft et les fenestres de [l'église de Leyden]
[no]nobstant que les dittes villes soient [esloignées]
l'une d'une lieuë et demie et l'autre de [trois heures de chemin].
[Les E]stats l'aiant sceu envoierent vers ledit S[eigneur]
[qu]i les leur envoia et leur manda, que [par ces lunettes]
[ils v]oient les tromperies de l'ennemy.
[Spinola vid a]vec grand estonnement, et dit au [prince Henry4
]
[a ceste] heure ie ne sçaurois plus estre en seureté [car vous me verrés]
[de] loin. Ce maistre faiseur de lunettes [a eu charge de]
- ne monstrer ce secret a personne5
-- il promet de faire encor quelque
--dittes lunettes peuvent extremement
villes, et autres semblables occasions;
estoilles qui ordinairement ne paroissent
petitesse et a cause de la foiblesse de
voir clairement. Voila ce qu'on
et l'ai mandé plus volontiers d'autant
[po]urrés mieux voir les raisons qu'homme
--autte et profondes connoissances que
[mat]ematicques. Et ie vous supplie de m'en
semble. Si vous pouvies donner des
qui leur fissent voir et descouvrir les
--e et d'Espagne contre la Republique, vous feriés
-r il est temps non seulement de voir
--aussi de s'opposer genereusement au mal
--acines. Dieu vous en fera la grace6
se monstreront absoluës. Et puis entre tout
---, on n'a fait couller que la guerre des
-- faisoient de la souveraineté estoient
dangereuse, consequente et qu'il pourrait
ceux de la religion de ce Roiaume de
les degrés par lesquels on a engagé le Roy
----, qui est-ce que Dom Petro princ--
--ier car iamais l'intervention de l'Espagne
les Estats a cette necessite de faire
condition. Entre c-- et le bout de l'an
-esa. Ledit Dom Petro a --esia pris
aller, et dit n'attendre que l'arrivée
Résident en cette cour, mais ie ne
ie si prest de partir, bien qu'il semble
--ouloit. Ie voudrois qu'il fust bien loin
le pied en France. Si la tresve
-e porter la guerre en Italie, vous en
--e en quelque attente et pour moi ie
l'eschange mais cela n'arrivera que malaisement
l'Espagnol, a ce que vous me dittes, semble avoir trop d'interest
--oi facilement qu'on se desfera bientost
--ntio. Ie voudrois scavoir s'il trouvera
là en Purgatoire, qu'il n'eust fait de
--e que vous me demandés touchant
ai de m'en esclaircir et vous aussi. Et pour
-itte a Largeau, ie vous prie, comme ie
- me vouloir croire, qu'il ne prest--
mes escuses et qu'on n'y a
rés bien penser. Et plus tost que vous
--cherois de vous faire voir de quelque
de vous faire voir de ----
que vous me donnés a Bergame7
ie sois a Paris, qui ne peut estre en--
--m'a fait part des nouvelles que
--tie vous remercie. Si elles se trouvent
--oiant sans guerre partout pourroit
--ade armée par mer, pour
descente cet esté ou en Italie ou
-me s'est donnée tant de liberté
ne serai pas sans trembler puisque
assure l'avoir receuë. Cependant la
oier sa bataille mais il n'y a rien
elle part; avec laquelle ie vous
mains et au P.M. Fulgentio et
--a vie
Vostre plus humble et affectueux serviteur
De L'Isle
Le père
-ntrent mesmes que le pape avoit
---qu'après l'execution faitte. Pour vous
- 1Malgré son affirmation selon laquelle il aurait détruit toutes les lettres reçues de France, Sarpi a parfois recyclé le papier ; conservant, involontairement, quelques missives. Dans le cas de ce document, seule la moitié de la feuille a été préservée mais il nous a été possible de rapprocher le texte signé par Jérôme Groslot de L'Isle d'un texte anonyme qui a été imprimé à Lyon, en octobre 1608, intitulé Ambassade du Roy de Siam, arrivé à La Hay le 10 septembre 1608 qui complète parfaitement le texte de Groslot.
Par ailleurs, dans sa lettre 1609-01-06 à Groslot, Sarpi évoque l'aviso delli nuovi occhiali que Groslot lui aurait envoyé avec sa lettre 1608-11-28, d'où notre reconstitution de la date. - 2A La Haye, se déroulent alors des négociations diplomatiques, sous l'égide des rois d'Angleterre et de France, entre les Espagnols et les Provinces-Unies pour tenter de mettre fin aux hostilités.
- 3Selon Constantin Huygens, c’est le 15 octobre 1608 que les Etats-Généraux des Pays-Bas accordent à Jacob Metius (1571-1630), fils d’un ingénieur militaire, une pension pour avoir inventé la lumette. La paternité de cette invention est ensuite discutée entre Jacob Metius d’Alkmaar, Hans Lipperley (†1619) et Zacharis Janssen, lunetiers à Middelburg. En avril 1609, Pierre De l’Estoile affirme avoir vu à Paris une lunette d’un pied de long. Enfin, d’après Galilée (Sidereus nuncius), c’est Jacques Badoer qui, depuis Paris, aurait informé Sarpi et Galilée de cette invention qu’il a ensuite grandement contribué à améliorer (avec des suggestions de Sarpi) pour “voir” les reliefs de la lune et les taches du soleil (voir lettre 1611-02-12 de Galilée à Sarpi).
- 4Il s'agit de Frederick Hendrick de Nassau, demi-frère du Stathouder, Maurice.
- 5Le secret n'a pas été respecté puisque, dès avril 1609, le Mercure français rend compte de boutiques de lunetiers parisiens qui vendent cette lunette.
- 6Dans la marge de bas de page, Sarpi a griffonné quelques mots.
- 7Dans ses lettre 1608-07-08 et 1608-11-11 à Groslot, Sarpi a donné quelques avis à son correspondant pour que le courrier lui parvienne sans encombre, entre autres choses il a conseillé la voie de Bergame.