Aller au contenu principal

1610-01-20.A Castrino

Al molto illustre signor colendissimo, il signor2

Molto illustre signor colendissimo

Ho aspettato questo corriero con molta avidità, credendo dover haver aviso della ricevuta della cifra, ma il piego del signor ambasciator non è gionto a Lione in tempo, per il che siamo senza lettere.
Non fu mai il mondo in maggior aspettatione che adesso in queste nostre parti, poiché tutto attorno tumultua; le cose de Spagna nella materia de' Mori, per l'artificio di quella natione, sono mandate attorno molto diminuite dalla verità. S'intende per vie assai certe che vi sij qualche travagli d'importantia3. Cotesta partita del principe tanto più vien stimata, quanto si dice che costì non se ne faccia conto; ma di Cleves4 vi vorebbe un grand'astrologo per pronosticare quel che possi avvenire. La povertà de ambi due le leghe, di Magonza5 et di Hala6, argumentano rumor più di parole che di fatti; ma il concorso de principi alla corte cesarea et de ambasciatori a Roma et le provisioni de denari fatte da Spagnoli, mostrano altrimenti. Questi ambasciatori fanno grand'instantia al pontefice che entri nella loro lega et questo, credo, otteneranno facilmente, ma di far spendere il papa haverano molta difficultà. Li fanno instantia ancora di fulminare contro li tre ellettori protestanti7, a che egli inclina per la sua natura molto pronta al maneggio de quelle armi; ma finalmente non credo si effettuerà, si perché hebbe successo poco felice ultimamente, come anco perché sarebbe occasione di far unir il duca di Sassonia8 con gl'altri, che sino adesso è separato. Li Spagnoli s'affaticano quanto possono per questo particolare.
Tra la Republica et il pontefice passano termini di confidenza et satisfattione grande, per il ché tutte le cose dormono.
Io non ho voluto tralasciar questo spazzo senza scriver a Vostra Signoria, aspettando l'aviso della ricevuta della cifra per scriverli più particolari. Le darò nuova come il *Ciotti libraro ha havuto a naufragare nel golfo di Lanciano et ha scorso così gran paricoli, che ha fatto voto di vestirsi del color della Madonna del Carmine, egli et tutta la fameglia. Pregarò Vostra Signoria, scrivendo a monsignor dell'Isle, farli riverenza a mio nome, et insieme a tutti cotesti signori miei patroni. Et qui facendo fine, bascio la mano.
Di Vinetia, il 20 genaro 1610
Di Vostra Signoria molto illustre

Affettuosissimo servitore

 

 

 

1. La BnF conserve copie de cette lettre : ms Italien 2061, f. 69v-71r.
2. Le nom du destinataire a été "caviardé" sur le pli.
3. Faisant explicite référence à cette lettre à Castrino, Pierre *De L'Estoile rapporte : Le vendredi 12 [février 1610], j'ay extrait par plaisir les avis suivans de trois lettres escrites à un mien ami : l'une de Romme, dactée du 6 de janvier dernier, et les deux autres de Venize, par Fra Paolo, qu'on apelle le petit Luther d'Italie, l'une du 5 du mois passé, l'autre du 20. […] De celles de Fra Paolo, de Venize : 1°. C'est merveille comme on fait peu de cas ici du livre du cardinal Bellarmino contre le roi d'Angleterre. Peu l'ont veu du commencement, et aujourd'hui il est aussi oublié que si jamais il n'eust esté escrit. — 2° On fait courir le bruict ici que le père Cotton fait un livre pour la réunion en matière de religion, qui me semble n'estre pas proprement ouvrage de jésuiste: je craindrois plustost que ce fust pour la ruiner et réunir tout à eux. — 3° Les Espagnols desguisent fort la vérité touchant les Maures, que nous sçavons toutefois, par avis certain, troubler fort l'Espagne. — 4° On fait ici d'autant plus de cas de la sortie du prince de Condé, que là où vous estes on n'en fait pas beaucoup. — 5° Il faudroit estre bon astrologue pour deviner l'yssue de la guerre de Clèves. — 6° Les ambassadeurs font grande instance au pape pour leur ligue, qu'on croid qu'ils obtiendront facilement, mais non pas de l'argent. Ils demandent aussi qu'il fulmine, qu'il tonne contre les trois électeurs protestans : à quoi il incline fort, pour estre de son humeur fort prompt et adextre au maniement de ces armes-là ; et toutesfois je ne croi point qu'il le fasse. — 7° Tout dort ici ; il se pourra bien faire quelque cardinal vénitien, non comme vénitien, mais comme plura offerens in hastatione. — 8° Du retour des pères jésuistes, on n'en a parlé encores ici un seul petit mot. Peult-estre qu'ils y pensent, et comme gens de grande espérance ils la tiennent pour effect; mais je croy que c'est tout ce qu'ils en auront (Mémoires-journaux, Paris, Didier, 1857, p. 557-558).
4. Voir Notices historiques : la crise de •Juliers-Clèves.
5. Voir Notices historiques : la ligue de •Mayence.
6. Voir Notices historiques : la ligue de •Halle.
7. Les électeurs protestants sont le margrave de Brandebourg, le duc de Saxe et le comte palatin du Rhin.
8. Christian II de *Wettin (1583-1602-1611) est duc-électeur de Saxe et margrave de Misnie.

Type scripteur
  • Copie

Scripteur
  • Marco Fanzano

Chiffrement
  • non chiffrée

Signature
  • non signée

Lieu
  • Venise

Source
  • BnF, Dupuy 111, f. 32r1.

Editions précédentes
  • M. Busnelli, 1931, II, lettre XXX, p. 73-74,

  • M. Busnelli, 1986, lettre XX, p. 124-125.