1614-07-00.A Carleton D
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La maniera come fu licentiato l'ambasciatore veneziano3 da duca di Savoya ricerca che non sia tolerato agente suo, massime occulto4, et perché potrebbe esser fatto qualche sinistro ufficio o da l'ambasciator di Spagna5 over da nontio. Io non ardirei sicuraremassime perché il deliberare una tal cosa quale ha detto il residente di Fiorenza6 è in potestà di tre soli7. Il sicuro è avisare Sua Serenità ma, secondo il mio parer, non dicendo più oltre senon che è venuto per trattar con Vostra Eccellenza un negotio di Sua Maestà della Gran Brettagna.
1. Les éléments déchiffrés sont en gras.
2. Le pli ne comprend pas d'adresse puisqu'il ne passe pas par le courrier mais par porteur en main propre, vraisemblablement Daniel *Nijs ou Pierre *Asselineau. Au dos du pli, Carleton a noté : P[adre] P[aolo] the last of april.
3. Sarpi fait ici référence à un incident diplomatique vieux de plus d'un an : le 12 mai 1613, avant les accords de Milan, le duc de Savoie demande à Vincenzo *Gussoni, alors ambassadeur, d'engager la République de Venise à ses côtés et non auprès du duc de Mantoue. Au refus de l'ambassadeur, il répond par sa révocation immédiate.
4. Cet agent secret du duc de Savoie est Gian Giacomo Pescina, chargé d'établir une alliance avec Venise —qui tient à conserver sa neutralité politique— contre l'Espagne. Après sa mission auprès des Vénitiens, Pescina a quitté Venise pour faire un pèlerinage à N-D de Lorette.
5. Face à ces rumeurs de possible alliance de Venise avec le duc de Savoie, l'Espagne fait connaître sa préoccupation ; voir la lettre d'Agostino Dolce, agent vénitien à Milan, au doge : Horatio F. Brown (1854-1926), Calendar of State papers and manuscripts, relating to english affairs, existing in the Archives and collections of Venice, vol. 13 : 1613-1615, London, Allen B. Hinds, 1905, p. 142).
6. Il s'agit de Annibale Barbolani da Montauto, hostile à la politique anti-espagnole et anti-pontificale de Venise en général et de Sarpi en particulier.
7. Ces tre soli sont les trois magistrats inquisiteurs d'Etat, seuls habilités à traiter d'affaires secrètes avec l'étranger, au niveau de l'Etat vénitien.