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1615-12-12.DE Giovanni Paolo Villa da Brescia

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Molto reverendo padre maestro

            Sono alcuni giorni che io havevo pensiero darle nova d’un caso occorso a Castiglione tra quel prencipe2 et gesuiti, ma perché non ho havuto luce chiara del fatto, se non sei giorni sono, non ho sin hora esseguito.
             Sono iti alcuni dal confessor del prencipe che è gesuita a instruirli che faccia ufficio con il detto, acciò levi la macina3 et il padre ha fatto l’ufficio a cui il prencipe ha risposto che suppone di poterlo fare, però che consulti con i suoi padri et riferisca, che se non può farlo tralasciarà. Hor questo padre ha scritto a Roma et intanto si è sottratto dal macinar il suo collegio4 sul Stato del prencipe et così hanno fatto alcuni suoi seguaci, il che essendo presentito dal prencipe ha mandato a chiamare il padre et li altri, et gli ha fatto un cantate buono. Et poi, un padre di Roma havendo risposto alla proposta con una lettera direttiva al prencipe che non può fare né dire che è tirrania et altro, gli ha di novo incalzato capellazzo grande con minaccia di scacciarli et egli ha provisto di altro confessore5 et inhibito alla moglie6 che non si confessi da loro, onde il provinciale de’ capucini ha datto facoltà a quel guardiano che possa confessarla.
               Stando le cose in tal termine, li gesuiti pigliando il tratto avanti sono andati dal prencipe a farli instanza se hanno da star sul suo o no, et se hanno a starvi vogliono che si prometta che non possino esser scacciati mai né anco da suoi descendenti; et il prencipe ha risposto che datta l’occasione vol poter lui et sui descendenti scacciar et decapitar chi gli piace, onde le cose stanno così in torbido. Et i gesuiti che havevano incaparati sette milla quadrelli7 da fabricar, li hanno licenziati né li vogliono più.
           Il provinciale di fra Giovanni Giacomo ha scritto al generale8 perché mi sia rimessa la causa del detto et dice che non è apostata perché non ha gittato l’habito per sprezzo ma per salvar la vita et che ha ratificata la professione. Io per questo spazzo scrivo al padre generale secondo il concerto, et alla Signoria Vostra molto reverenda baccio le mani.
Brescia lì 12 dicembre 1615

Di Vostra Signoria molto reverenda

Affettionatissimo servitore
Provinciale di Venetia9

  • 1Cette lettre est amputée de l’adresse.
  • 2Francesco Gonzaga (1577-23 octobre 1616) est le troisième marquis de Castiglione delle Stiviere. Il appartient à une branche cadette de la famille qui règne sur Mantoue : le premier marquis a été Ferrante (1544-1586) auquel aurait dû succéder son fils aîné Luigi (1568-1591) qui a renoncé à son fief pour entrer dans la Compagnie de Jésus ; c’est donc son frère Rodolfo (1569-1593) qui devient second marquis à la mort de son père. Rodolfo a régné par la terreur et la cruauté et il a finit par être assassiné, le 3 janvier 1593, laissant trois filles Cinzia, Olimpia et Gridonia. Le marquisat passe donc à son frère Francesco dont le gouvernement est contesté par la population qui se soulève en 1594, 1595 et 1596. Le 5 février 1598, à Prague, il épouse Bibiana von Pernstein (1578-17 février 1616), fille du grand-chancelier de Bohème, qui lui donne huit enfants. A partir de 1604, il est ambassadeur de l’empereur Rodolphe II à Rome et, pour remerciements de ses services, il est nommé prince de Castiglione en 1610.
        Au plan de sa politique religieuse, il soutient particulièrement l’ordre des capucins (une influence impériale ? ) pour lequel il fonde un couvent où il a demandé à être enterré. En juin 1608, il dote le collège féminin des Nobili vergini di Gesù d’une rente annuelle de 300 écus et des revenus de nombreuses terres. Le 5 juillet 1608, il dote les jésuites pour la construction d’une église, d’un couvent et d’un collège et il obtient de Rome la session de reliques de son frère, bienheureux Luigi Gonzaga, soit un tibia et le crâne. L’église paroissiale est érigée en collégiale avec dotation de 12 bénéfices (un abbé, un archiprètre, six chanoines et 4 curés).
  • 3La macina est une taxe sur les moulins payées selon le nombre de tours nécessaires pour moudre les céréales ou autres produits comme les châtaignes. Cette taxe perçue par le meunier est généralement répercutée dans le prix de la farine et donc du pain.
  • 4Sottrarsi dal macinar il suo collegio : en attendant les consignes de Rome, le père a éviter de faire moudre les céréales, récoltées sur les terres de son collège, dans un moulin relevant du territoire de Castiglione, d’où la colère du prince.
  • 5Le nouveau confesseur de Francesco Gonzaga est Giovanni Maria Rossi, carmélite.
  • 6Bibiena von Pernstein (1578-17 février 1616), fille du grand-chancelier de Bohème, épouse Francesco Gonzaga le 5 février 1598 à Prague; elle lui donne huit enfants.
  • 7Ces quadrelli sont des carreaux d’arbalète: pointes de flèche métalliques et à section carrée pour mieux percer les armures. Les jésuites sont fabricants et marchands d’arme.
  • 8Le prieur général de l’ordre des servites est alors Baldassare Bolognetti da Bologna.
  • 9Giovanni Paolo Villa da Brescia (†1635) OSM a été consulteur du Saint-Office à Brescia, définiteur général de l’ordre, prieur provincial de Venise de 1615 à 1618 pendant le généralat de Baldassare Bolognetti da Bologna. Il est également membre de l’Académie des Eremiti, sous le nom de l’Avveduto.

Type scripteur
  • Autographe

Scripteur
  • Giovanni Paolo Villa da Brescia

Chiffrement
  • non chiffrée

Signature
  • Provinciale di Venetia

Lieu
  • Brescia

Source
  • ASV, Consultore in iure 453, f. 172r

Editions précédentes
  • Inédit