Al molto reverendo padre mio ossequissimo
Il padre mastro Paolo da Venetia
Molto reverendo e doctissimo padre
Ho più volte pensato romper il silentio con Vostra Paternità molto reverenda e significarli anche con lettera quel medesmo affetto e volontà di servirla che di presenza proverei di farle conoscere, sono però ritardato dal sapere quante siano le occupationi et impedimenti di Vostra Signoria, maxime in negotij gravissimi et dotissimi suoi studij. Ma per non passar a segno di contumace, vengo hora a salutarla e offrirmele il medesimo servitio pregandola a non lassar occasione di honorarmi di qualche suo comando.
Il negotio del quale supplicai Vostra Paternità a favore del signor Giovanni Camillo Glorioso mi pare di potermi assicurare che avvicinandosi al tempo che facilmente li illustrissimi Riformatori vorranno farne l'electione, essa porrà in essecutione la gratia di metterla in quella consideratione che merita la sua condittione e li suoi docti studij, per quanto può servire. Di nuovo lo raccomando a Vostra Paternità stimando che farà il servitio della serenissima signoria anteponendolo soggetto attissimo a simil carico, come bene Vostra Paternità conosce. Mi conservi in sua gratia e mi comandi che per fine le bacio le mani.
Di Lucca a 6 luglio 1611
Di Vostra Paternità molto reverenda
Affettionatissimo servitore
Antonio Santini
1. Cette adresse est au feuillet 156v ; les parties vierges de cette lettre ont été employées comme brouillon par Sarpi, la sauvant ainsi de la destruction.
2. Giovanni Camillo Gloriosi (1572-1643) né à Giffoni (Salerno) et mort à Naples. Après une formation en philosophie et en théologie, il acquiert une formation mathématique auprès des jésuites de Naples. Disciple de *Viète : il emploie l'algèbre en géométrie, il est un ami du dalmate Marin Ghetaldi. Dès 1604, il entre en contact avec *Galilée et, en 1606, il s'installe à Venise où il rencontre Sarpi, Giovanni Santini et *Sagredo (à qui il donne des cours particuliers). Il obtient la chaire de mathématiques à Padoue dès 1613, avec un salaire annuel de 350 florins. Confirmé dans sa charge en 1622 par les autorités vénitiennes, il refuse car il estime le salaire insuffisant et en appelle, en vain, au doge. Il quitte Venise en 1624 pour rentrer à Naples. Il entretient une longue correspondance avec Antonio Santini. En astronomie : il est le premier a dressé des dessins des aspects de Saturne et des taches lunaires ; il soutient les propositions de Kepler contre Galilée à propos des comètes ; il dénonce Galilée qui se donne pour l'inventeur du compas de proportion, dans une lettre à Giovanni Terenzio du 29 mai 1610 ; il prolonge les travaux de l'Ecossais Alexander *Anderson. Voir DBI, LVII (2001), p. 421-424, par Ugo Baldini.
3. Ayant été chargés de sonder les compétences de Gloriosi, Paolo Sarpi et Agostino da Mula lui ont demandé une première publication : Ad problem geometricum Ioannis Camilli responsum. Huic subnectitur solutio hactenus desiderata prop. 19 lib. 2 arithmeticorum Diophanti Alexandrini ex unica tantum facta hypostasi, Venetia, 1613. Gloriosi a écrit que l'obtention de la chaire de Padoue s'était faite avec l'appui de Galilée mais le désaccord de Sarpi.
4. Antonio Santini (1577-1662) né et mort à Lucques. Sans formation particulière, ce self-made-man a d'abord été marchand à Venise puis il est entré dans l'ordre des somasques. Pendant son séjour vénitien, il est entré en contact avec Galilée (alors à Padoue) : en juin 1610, il lui communique les résultats de ses premières expériences sur un téléscope de son invention mais assez précis et puissant pour lui permettre d'observer les satellites de Jupiter. Galilée fait paraître son Sidereus nuncius, deux mois plus tard. Devenu professeur de mathématique à Rome, il reste en contact avec les mathématiciens de Padoue c'est-à-dire Galilée, Paolo Sarpi, Marin Ghetaldi, Carlo Renaldini et Giovanni Camillo Gloriosi. Dans les années '20, il part enseigner à Gênes où il a Francesco Michelini, comme élève.